Cela a été assez récurrent dès l’arrivée des célèbres Youtubeurs. Lorsqu’ils ont été découverts sur la toile, l’argent a vite été un sujet de prédilection de la part des médias traditionnels. Nous allons voir pourquoi ce sujet intéresse tant les médias lorsqu’ils parlent d’influence.
L’argent, un sujet tabou en France ?
« Et toi, tu gagnes combien par mois ? ». Une question que les Français n’aiment pas beaucoup entendre. Bien que dans d’autres pays, afficher son salaire est assez banal, ce n’est pas le cas dans l’hexagone, qui peut paraître comme un manque d’éducation. Une habitude qu’on aurait gardée depuis de nombreuses années. En effet, à l’époque, les agriculteurs avaient pour habitude de cacher leurs économies pour ne pas se les faire voler. Tout ce qui pouvait représenter de l’argent était donc caché. De plus, la culture catholique y est également pour quelque chose. En effet, elle a toujours été tournée vers les pauvres aux dépens des riches nous déclare Janine Mossuz Lavau, directrice de recherche CNRS.
Cependant, on détecterait une tendance changeante pour la jeune génération qui parlerait plus facilement d’argent.
L’argent, un flou dans ce secteur
Dès lors qu’un nouveau métier arrive, un gigantesque flou s’installe sur la rémunération de ces personnes. Bien que tabou, parler argent intéresse encore plus lorsqu’il s’agit de personnalités.
Squeezie, Cyprien, Norman, Natoo, ce sont les premiers à avoir subi ces questions dérangeantes sur leur métier. La raison de pourquoi les médias s’intéressent beaucoup à ce milieu est parce qu’il est assez récent.
Ça a donc commencé sur YouTube, quand ils ont commencé à être rémunéré avec leur nombre de vues. Il y avait une méconnaissance totale sur la rémunération au nombre de vues. De nombreuses spéculations sont nées telles que 1000 vues rapporteraient 1 €. Un Youtubeur faisant des millions de vues gagnerait donc plus de 1000 € par vidéo. Sans parler de l’arrivée des placements de produits et divers partenariats avec les marques. Personne ne sait réellement combien coûte un post Instagram ou encore une vidéo TikTok. Ce métier a vite gagné en popularité grâce à la croyance que l’on pouvait obtenir énormément d’argent facilement. Bien sûr les médias se sont donc rapidement emparés de ce sujet, qui intéressait beaucoup de monde.
Un métier qui fait rêver
Ce nouveau métier fait donc rêver bon nombre de personnes. Les internautes voient leurs Youtubeurs préférés vendre leur société pour des millions d’euros, ou bien rouler en Tesla, tout cela en s’amusant.
Les gens ont l’impression qu’ils sont riches en ne faisant rien de leur journée. Ce qui a de quoi mettre des étoiles dans les yeux. Mais cela ne reflète pas la véritable réalité de ce métier.
Un vrai travail se cache derrière
Au lieu de s’intéresser au métier en question, certains médias préfèrent donc aborder le sujet de l’argent. Mais ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est qu’il y a une face cachée à ce métier. Ce n’est pas comme ils peuvent le laisser paraître. Nous entendons souvent dire avec stupéfaction : « Quoi, il demande XX€ pour une vidéo YouTube ? C’est cher payé ».
Mais ce qu’il faut regarder c’est :
- Le temps qu’il ou elle a mis pour réunir cette communauté
- Le temps de travail que cela prend (entre l’écriture, la captation, le montage, les déplacements, les shootings, les retouches, les allés-retours du client – la liste est longue).
- L’audience qu’on va toucher
- Le ROI de notre campagne.
- L’équipe qu’il rémunère derrière (sur certains projets, nous avons des cadreurs, des monteurs, des preneurs de son, des assistants réalisateurs, des droneurs… une véritable équipe de production !)
Un plombier n’est pas payé une certaine somme pour le coup de clef à molette qu’il va donner, mais pour son expertise sur le sujet et le service rendu. Une publicité print dans une revue de presse n’est pas payée pour le temps que cela lui a pris à l’impression du magazine mais bien pour le nombre de personnes que cela va toucher (et pour le temps passé à convaincre de consommer ce média).
Car bien que cela soit leur passion et que ça puisse paraitre comme un amusement, il y a de nombreuses heures de travail derrière tout cela (et croyez-nous… ils ne sont pas au 35h). Évidemment chaque cas est particulier et en aucun cas nous ne généralisons mais il faut regarder la globalité du projet et non pas uniquement ce que l’on voit à la surface (rappelez-vous du principe de l’iceberg).
D’ailleurs, les « influenceurs » n’aiment généralement pas ce terme et préfèrent se désigner plutôt comme des créateurs de contenus.
Il n’est donc pas seulement question de gagner de l’argent dans l’influence mais comme dans tous les métiers : un travail mérite salaire.
Un sujet qui fait surtout vendre
Il fait rêver mais il fait plus que tout vendre. Les médias en raffolent, de la télévision aux articles de presse, l’argent que touchent les influenceurs est un sujet qui passionne et qui rapporte gros. La vraie information aujourd’hui n’est pas celle qui sera la plus instructive mais plutôt celle qui va générer le plus d’argent. On sait que les médias traditionnels sont aujourd’hui délaissés pour les nouveaux médias comme YouTube notamment. Il en va donc de la survie même du média. L’objectif étant de générer le plus de clics possibles sur leurs articles, le plus de téléspectateurs sur leurs émissions pour rassurer leurs annonceurs et montrer qu’il y a toujours du monde sur ces plateformes.
Ce sujet intéresse car les gens ne connaissent pas vraiment les rémunérations potentielles. Les médias se positionnent donc sur cette thématique, avec de jolies titres racoleurs, sur laquelle ils sont certains que les gens vont cliquer et donc gagner eux aussi de l’argent.
Les influenceurs montrent leur agacement sur les questions d’argent
Suite à de nombreuses interviews ratées et embarrassantes pour les influenceurs, ils ont décidé d’agir et de montrer leur mécontentement de ces médias qui ne cessent de dénigrer leur métier en ne montrant que l’aspect financier de celui-ci. À l’image de ce post LinkedIn de Bruno Maltor qui montre son agacement suite à une interview réalisée avec le HuffPost.
Une meilleure compréhension aujourd’hui
Heureusement, les mentalités changent. Les médias ont compris l’impact négatif de cette forme de communication après le déferlement de certaines communautés envers certains médias et aujourd’hui, ils semblent de mieux en mieux comprendre le métier des influenceurs. D’ailleurs, tous comme les publicitaires intègrent de plus en plus le style « influenceur » dans les publicités plus traditionnelles, les grands groupes de télévision évoluent et acquièrent des sociétés spécialisées dans l’influence marketing. De nombreux groupes ont donc suivi le mouvement à l’image de M6, le groupe TF1 avec le Studio 71, ou encore Studio Bagel appartenant à Canal +. Ces sociétés de gestion des talents du web permettent à la télévision de les inclure par exemple dans des émissions TV comme Ibra TV participant à Ninja Warrior, ou bien de leur laisser leurs propres émissions comme le trio Lolywood pour leur programme Lolywood night diffusé sur TMC en prime time.
Les influenceurs travaillent donc de plus en plus en collaboration avec les médias traditionnels. Chacun se donne de la visibilité, sans cette guerre inutile de rabaisser les jeunes créateurs et les nouvelles plateformes de contenu. Cela sert les créateurs pour toucher une nouvelle audience mais permet également aux médias traditionnels d’acquérir une audience qui les avait délaissée pour les réseaux sociaux.